Il faut croire que j'ai toujours aimé travailler l'argile, alors j'ai décidé de passer à la vitesse supérieure et de tenir un vrai carnet de poterie.
Il faut croire que depuis quelques années, suivre ses créations n'est plus aussi simple qu'avant. Il fut un temps où on se contentait de quelques notes griffonnées sur un carnet poussiéreux, coincé entre deux sacs d'argile. Mais depuis, la poterie a évolué, nos exigences aussi.
Le problème, c'est qu'on se retrouve vite noyé dans nos propres créations. Cette belle émaillée bleue, c'était quelle recette déjà ? Et ce bol parfaitement centré, j'avais utilisé quelle terre ? Une espèce de trou de mémoire permanent en quelque sorte.
Et tous nos tests sont identiques là-dessus : on fait des essais plus ou moins réussis, mais dès qu'on veut reproduire quelque chose, il faut sortir sa boule de cristal.
Il reste la solution carnet papier traditionnel. Mais bon, si vous voulez vraiment retrouver vos infos rapidement, il ne faut pas compter dessus quand vos mains sont pleines d'argile. Sans compter les pages qui collent, les photos qui jaunissent...
Et bien, on se débrouille, et on trouve une solution moderne !
Comme je le disais un peu plus haut, le nerf de la guerre c'est l'organisation. Mais les informations en elles-mêmes, elles peuvent être centralisées ! Il suffit donc de les regrouper au même endroit ! Je ne rentrerais pas dans le débat papier vs numérique. J'ai depuis longtemps choisi mon camp (le numérique 😉), libre à vous de choisir la solution qui convient à votre pratique.

Pourquoi documenter ses créations ?
Je vais prendre un cas concret, qui m'est arrivé récemment, pour illustrer mes propos.
Nous avons lancé dans l'atelier il y a quelques temps une série de bols, après être tombé amoureux d'une texture particulière. Cette texture, impossible de la retrouver trois mois plus tard. Quel mélange de terres ? Quelle température de cuisson ? Mystère complet.

Et pour faire de la poterie sérieusement, rien de mieux que d'avoir des traces ! (sauf les traces de doigts sur les émaux, ça, ça fait tâche 😅)
Un exemple concret ? Cette série de mugs avec un émail qui rendait parfaitement à 1240°C. Trois mois plus tard, impossible de retrouver la recette exacte. Résultat : des heures perdues à refaire des tests.
Un autre exemple ? On avait testé un mélange argile rouge + chamotte qui donnait une texture incroyable. Mais impossible de se rappeler des proportions exactes !
J'ai donc besoin d'avoir plusieurs informations, facilement accessibles pour chaque pièce de mon atelier.
Déjà ça restreint le chaos : juste mes créations et mes tests au même endroit. On passe d'un bordel organisé à quelque chose de facilement consultable.
Pour chaque pièce, j'ai besoin :
- De savoir quelle terre j'ai utilisée
- Quels émaux ou engobes j'ai appliqués
- La technique de façonnage (tour, plaque, colombins...)
- Les températures de cuisson (biscuit et émail)
- Des photos pour suivre l'évolution
- Mes notes et observations
Ok, je pense qu'on tient un cahier des charges là, non ?

Comment s'y prendre concrètement ?
Pour faire court, car ce n'est pas totalement le but de cet article, j'ai testé plusieurs solutions : carnets papier, tableur Excel, apps diverses. Au final, j'ai opté pour une solution spécialisée poterie qui centralise tout.
L'avantage d'un carnet numérique par rapport aux nombreuses autres solutions du marché, c'est qu'il permet de gérer ses créations avec des données structurées, et de retrouver ses infos rapidement. C'est peut être un détail pour vous, mais pour moi ça veut dire beaucoup. Pas besoin de fouiller dans 50 pages pour retrouver cette recette d'émail parfaite.
Pourquoi vous parler de données structurées ? Tout simplement parce que la majorité des potiers gèrent leurs infos de façon dispersée : un carnet pour les recettes, des post-it pour les températures, des photos sur le téléphone...
Pour faire simple, vous prenez une pièce au tout début de sa création, et vous documentez chaque étape. A chaque fois que vous avancez, vous ajoutez les infos pertinentes, et ainsi de suite.
Pour avoir un suivi complet d'une pièce, on a besoin de tracer plusieurs étapes. Ce qui veut dire que je dois pouvoir ajouter des infos au fur et à mesure : façonnage, séchage, première cuisson, émaillage, cuisson finale.
Or, plus une pièce avance dans le processus, plus les détails s'accumulent. Ce qui revient à dire qu'il faut pouvoir tout centraliser ! Et donc qu'il faut un système qui suit votre rythme de création.
Les pièges à éviter
Ces informations étant également personnelles, si vous voulez changer de méthode d'organisation, ou ajouter de nouveaux critères, il faudra passer par la case migration de toutes vos données. Pas des plus simple !
L'avantage des formats numériques, c'est que les données sont plus facilement exploitables, peuvent être sauvegardées et comportent toutes les infos au même endroit. C'est à vous de déterminer ce qui vous intéresse, et comment vous voulez organiser votre suivi.
Ok donc, partons sur du numérique structuré, ça coche les cases de mon cahier des charges.
Voyons à présent comment s'y prendre.
Comme je vous le disais tout à l'heure, pour mon projet, j'ai besoin de TOUT centraliser.
Il est possible, via des outils, de regrouper toutes ses créations depuis différentes sources. Pas besoin de tout refaire depuis zéro, certaines solutions proposent d'importer ses données existantes. Voilà déjà qui soulage ma charge mentale !
Dans mon cas, partons du principe que chaque pièce a son histoire : de l'idée initiale à la pièce finie.
Sur cette histoire, je n'ai pas besoin de tout noter. On va donc se concentrer sur l'essentiel !
Pour cela, il faut déterminer les infos vraiment importantes : terre, émaux, températures, technique. Le reste, c'est du bonus !
Maintenant, il faut réellement organiser ses données. Pour cela, vous avez besoin d'une méthode simple et reproductible.
La manipulation est "simple" : vous créez une fiche par pièce, vous y ajoutez les infos importantes au fur et à mesure, et vous consultez quand vous en avez besoin.
Mise en pratique
Et rien de plus !
Si vous voulez vous documenter et approfondir l'organisation de votre pratique, je ne saurais vous recommander de commencer petit : une pièce, quelques infos de base, et on étofie progressivement.
A partir de là, vous récupérez, au bout de quelques semaines, un historique de vos créations à peu près organisé.
Chaque fiche ici contient ce qui vous intéresse : terre, émaux, cuissons, photos, notes.
Maintenant que vous avez vos données, il vous "suffit" de les consulter régulièrement.
A titre d'information, mon carnet numérique occupe maintenant plusieurs centaines de pièces, avec photos et détails techniques. Impossible à gérer sur papier, mais parfaitement organisé en numérique.
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Comme les données sont structurées, pas de recherche fastidieuse, tout est toujours accessible rapidement.
Maintenant, il faut passer à l'habitude. Vous allez comprendre pourquoi je parlais de méthode tout à l'heure.

L'adoption d'un carnet se fait selon des habitudes qui respectent votre rythme de travail.
Grosso modo, vous définissez pour chaque étape de création quand vous notez :
Les infos de façonnage dès la sortie du tour, les températures après chaque cuisson, les photos aux étapes clés, etc.
Il existe déjà pas mal de méthodes éprouvées, qui pourront très bien servir de base à votre organisation. La majeure partie consiste à noter au fur et à mesure, sans attendre. Bien entendu, vous n'êtes pas obligé de tout garder, ni même de noter exactement de la même manière, c'est à vous de décider.
Mais si vous regardez les carnets des potiers expérimentés, vous allez assez vite vous rendre compte que c'est une habitude qui se prend progressivement.
Pour cela, il existe un truc qui va vous aider : commencez par UNE info par pièce, et ajoutez progressivement.
Cet approche vous permet de configurer littéralement votre méthode, tout en gardant quelques automatismes déjà définis.
Vous voulez noter uniquement les températures ? Commencez juste par ça. Idem pour les autres infos !
Ça ressemble à l'apprentissage de la poterie au final, avec de la patience en plus. Vous pouvez également déterminer si tel ou tel détail doit être noté en fonction de l'importance de la pièce.
Il est même possible d'organiser ses tests de couleurs dans le même système. Donc à vous l'organisation complète de l'atelier !
Libre à vous de configurer tout ça selon vos besoins !
Voilà j'espère vous avoir donné envie avec cet article de tenir un vrai carnet de poterie sans forcément y passer des heures.
Bien entendu, ce n'est qu'une introduction de ce qui est possible de faire. Il vous reste encore beaucoup de choses à découvrir sur l'organisation de votre pratique avant d'avoir un système totalement personnalisé !
Un carnet de poterie numérique comme Poterie Studio vous permet de centraliser toutes ces informations : terres, émaux, températures, photos et notes. Plus de recherche dans des carnets poussiéreux, tout est à portée de clic !